J'ai vécu pendant 8 ans avec une jeune femme qui a raconté à son vétérinaire, qui devrait m'euthanasier, que j'ai mordu son copain au cou sans raison, quand elle est rentrée avec lui et un copain d'une fête. Et en plus elle disait que je l'avais mordu à la cheville quand elle m'a tiré par le cou et que j'ai mordu l'ami au genou. Elle a même voulu faire croire que les 3 personnes se sont enfermées toute la soirée dans la salle de bain.

Une histoire bizarre, vous ne trouvez pas ?

Le vétérinaire a contacté Tomi et Elisabeth qui m'ont reçue à bras ouverts. La jeune femme était régulièrement battue par son copain, alors vous pouvez vous imaginer ce qui s'est vraiment passé dans cet appartement. Elle m'a seulement nourri avec la marque ``Shesir`` ou j'ai dû me débrouiller avec des restes. Alors c'est pourquoi je mange que du Shesir ou des nouilles, légumes, pain ou biscottes. Mais je suis heureuse à Noiraigue. Puisque j'ai encore des difficultés avec le contact des autres chats, je vie à la cuisine et on me nourri sur ``mon armoire`` chaque fois que je le demande (env. 8-10 fois par jour). J'ai besoin qu'on s'occupe de moi, qu'on m'embrasse, donne des câlins et me parle doucement. Mais je me sens de plus en plus en sécurité et je suis même déjà sorti dans le parc devant la cuisine. Je suis enfin en sécurité. Il me faut juste plusieurs parrainages parce que le ``Shesir`` est une nourriture de luxe et je fais la grève de la faim si on me donne d'autres aliments. Je voulais encore dire : Je suis une ``Glückskatze`` puisque je suis tricoline, alors comme filleule je vous porterai bonheur.

Notre histoire, celle de ma sœur Cannelle, malheureusement décédée aujourd’hui, et de mon frère Raphaël, est bien triste.

Nous vivions chez un monsieur qui avait aussi un petit chien. Nous menions une belle vie auprès de notre humain qui nous aimait énormément. Mais un jour, il est décédé... et c’est là que nos galères ont commencé. La famille a décidé de trouver une nouvelle maison pour le petit chien, mais pour nous, les chats, ce n’était pas nécessaire. Nous ``rendre`` notre liberté leur semblait suffisant. C’est ainsi que nous sommes devenus des SDF dans les rues de Fribourg. Nous avons perdu toute confiance en les humains après un tel acte de méchanceté.

Malgré tout, nous sommes restés très soudés pendant nos péripéties. Cependant, notre santé s’est rapidement détériorée. Une habitante du quartier a commencé à s’inquiéter pour nous. Elle a contacté la SPA de Fribourg, mais ils n’ont rien voulu faire pour des chats errants sauvages.

Heureusement, elle a entendu parler de SOS Chats à Noiraigue et a pris contact avec eux. Ils ont immédiatement accepté de nous accueillir, tous les trois.

Mais notre vie dans la rue avait laissé des traces sur notre santé. J’ai dû me faire enlever toutes les dents et je dois prendre un traitement quotidien pour éviter les inflammations dans ma bouche. Autant vous dire que je souffrais beaucoup et que je ne serais probablement plus là aujourd’hui si on m’avait laissée à la rue.

Maintenant, nous sommes choyés, et on prend soin de nous, de nos besoins et de notre santé. Je suis sûre que notre humain, de là-haut, est enfin soulagé de nous savoir en sécurité.

Pendant 11 ans j’ai habité chez un couple avec mon petit frère.

Depuis toute petite je craignais les humains, le couple ne pouvait jamais me toucher pendant la journée. Je me cachais et sortais dans l’appartement, mais la nuit, quand tout était calme, je me promenais dans les chambres.

Et si mes propriétaires passaient à la cuisine ou la salle de bains la nuit, c’était le seul moment où je les laissais s’approcher et qu’ils pouvaient me toucher. S’ils recevaient des visites, je me cachais aussi.

De frustration d’une vie pareille, je la compensais avec de la nourriture. J’avais atteint le poids de 8,900 kg et j’ai beaucoup de problème de porter mon poids. Je ne peux pas monter ou descendre des escaliers ou entrer dans une corbeille avec un bord un peu plus haut que 15 cm.

A cause d’avoir mangé depuis des années trop de croquettes et snacks, je suis devenue non seulement obèse mais aussi malade. J’ai le diabète. Quand le vétérinaire a constaté mon état de santé, il a expliqué au couple qu’il fallait faire un traitement 2x par jour avec l’insuline pour que je puisse survivre. J’ai 12 ans maintenant et j’ai toujours vécu chez ces humains. Mais ils ont décidé de refuser le traitement.

Alors, le véto a téléphoné à SOS CHATS et demandé s’ils acceptent de m’accueillir et de me soigner.

Maintenant, je suis à Noiraigue. J’ai des piqûres 2x par jour et je me sens bien. Je ne me cache pas, je me laisse caresser et même embrasser jour et nuit. Je suis au « paradis ». Et je mange normalement. Je n’ai plus besoin de me goinfrer de nourriture.

Mes frustrations sont parties. Merci au véto et à l’équipe de SOS CHATS à Noiraigue pour mon sauvetage.

Avant on me nommait Laurie, mais c'est une autre histoire!

Avec ma maman Lucy et mon frère Lucas j'étais coincé dans une petite cage de transport sur un sol forestier. On pouvait sentir la nature, entendre des prédateurs comme sangliers, renards et fouines tout près de nous dans le noir. Nous avions froid, faim et étions complètement bouleversés par ce qui nous arrivait. Attrapés dans des cages-piège nous étions affolés et nous nous sommes blessés tous au nez par le crochet qui pendait dans cette cage. Quelqu'un nous a transféré dans cette cage de transport, mis une couverture dessus et amenés en voiture à un endroit inconnu.

A l'aube quand l'équipe de SOS Chats est arrivé ils ont enlevé la couverture et nous avons vu trois humains qui nous partaient doucement et semblaient très choqués par ce qui nous était arrivé.

On nous a amené chez un vétérinaire de remplacement, c'était le week-end. Prise de sang, tests de virus , soins des blessures, vaccins et la stérilisation de notre mère, anti-puces,-vers,-gale, enfin tous les traitements pour entrer dans la Ferme du Bonheur. Arrivés dans notre nouveau foyer, on nous a nommé ``la famille L``, Lucy ma mère, Lucas mon frère et Laurie, c'était moi.

Tout le monde nous trouvait mignons et on pouvait profiter des jeux, des snacks, des caresses, et on me trouvait tellement forte comme petite fille. Et Tomi disait même, que ``c'est souvent le cas que les femelles sont très fortes parce qu'elles doivent défendre leur progéniture après!``

Jusqu'au jour où Illana criait en me tenant dans ses bras : ``Mais Laurie est un petit mec!``. Toute l'équipe arrivait en courant en regardant mes jolies petites boules. En fait c'était la 3ème fois qu’un vétérinaire n'a pas remarqué des petites boules chez un matou qui était destiné au refuge de Noiraigue. Peut-être certains vétos ont peur des chats errants comme nous et n'osent pas toucher notre derrière. En tout cas tout le monde a bien ri de cette histoire et dû s'habituer à mon nouveau nom ``Loris``.

J'adore ma vie ici, je suis libre mais protégé. J'aime me bagarrer, mais pas méchamment avec les autres chats de la maison, et si les filles et garçons de l'équipe me caressent je leur montre avec mes dents qui est le plus fort. Je suis mal éduqué, comme mon frère Lucas, puisque notre maman avait retrouvé mon papa Yann deux semaines plus tard, aussi abandonné comme nous, et elle n'avait que d’yeux pour lui. Alors c'est aux humains maintenant de nous éduquer, mais ils ont l'habitude et le chat éducateur de la maison, Polly, va les soutenir.

Mais j'adore croquer dans les mains des gens, on verra bien qui de l'équipe va avoir la patience de me convaincre du contraire.

Je suis un jeune matou qui a vécu dans une colonie de chats semi-errants. Des gens de la ferme où je suis né ne s’occupaient pas de moi. Je suis handicapé et quand je veux attraper des souris, je dois sauter comme une grenouille puisque mes jambes derrière ne suivent pas le mouvement comme il faut.

Une gentille amie des animaux m’a vu traverser la route cantonale et a commencé de me nourrir et de m’apprivoiser. Et avant l’arrivée du mauvais temps elle a décidé de me placer au refuge de Noiraigue. Je suis en bonne santé, je n’ai pas de virus ou autres maladies. Il fallait juste me vermifuger et traiter contre les puces. Et comme j’aime les gens et étais habitué à vivre avec un grand groupe, je ne suis pas resté longtemps en quarantaine.

Avec mon handicap, j’ai dû me débrouiller depuis tout petit. Alors dans la Ferme du Bonheur je me suis vite fait ma place et me suis fait des muscles dans les bras (Tomi dit que je ressemble à Popeye.) et j’arrive toujours à grimper là où je veux en me tirant en hauteur, sur les canapés, chaises, et même sur les bords de fenêtres. Je saute très haut, m’accroche et me tire à l’aide de mes biceps en haut. Je vais aussi me promener dans les parcs, grimper les échelles, les arbres et arrive même à chasser les autres chats en courant sur tout le terrain. Les autres chats me respectent, et même Garfield n’essaie pas de se mesurer à moi. Et comme je suis très beau et gentil, tout le monde m’aime, les chats, les chiennes, l’équipe de SOS CHATS et aussi les visiteurs.

On m’a appelé Lars parce qu’à l’époque de mon arrivée, un très gentil et beau protecteur des animaux, Lars Howald, est décédé. En mémoire de cet homme dévoué pour la cause animal, Tomi m’a donné mon nom.

En vérité, vous devriez tous m’appeler Princesse. Parce que, je le dis sans prétention aucune, je suis d’une rare beauté, d’une élégance à couper le souffle. Et je le sais, que je suis belle. Je prends la pose, une vraie diva. Passez seulement un jour votre main dans mon long poil angora roux et blanc, et vous ne m’oublierez jamais plus !

Et puis, j’ai une queue tout à fait particulière : je me suis déjà demandée si ma mère avait eu une relation extraconjugale avec un Bobtail, parce que ma queue est enroulée sur elle-même, au-dessus du dos. C’est unique. Je suis unique.

Mon autre particularité, ce sont mes sourcils qui sont implantés de telle manière que je marche toujours la tête relevée, ce qui me donne un petit air arrogant. Enfin, une allure de top-modèle égarée dans une campagne profonde, vous voyez le genre !

A part quelques êtres humains, je crains les visiteurs, je ne me cache pas, mais je les observe de loin. Et je constate qu’ils sont tous ébahis en me voyant.

Je n'ai pas fait de trop mauvaises expériences avec les humains. J’ai simplement été abandonnée avec ma sœur Poppy et ma mère Indy à l'âge de cinq semaines. Mais mon ADN témoigne tout de même d’une longue lignée de chats errants. Il a fallu en effet quinze mois à maman pour qu’elle commence à témoigner sa confiance à l’équipe de SOS CHATS, et Poppy est plus craintive que moi.

Si les vilains gens qui m'ont abandonnée tombent aujourd’hui sur des photos de moi, je suis sûre qu’ils s’en mordent les doigts, car sur FB, quand j’apparais, je ne compte plus les « j’aime ». Quand j'ai confiance, j’accepte les câlins, et j'adore tout particulièrement jouer avec une ficelle.

Mais attention : on ne touche pas mon visage ! Un jour, j’ai été malade, Tomi devait me mettre des gouttes dans les yeux. Même elle, je l'ai griffée. Alors maintenant, pour les soins au visage, elle m’attrape par le cou et m’immobilise, Je déteste ça. « Il faut bien que je te soigne », dit-elle, comme si c’était une excuse ! Elle a l’air d’oublier que je suis une princesse.

Je suis unique, c’est vrai, mais les filles de SOS CHATS le disent toutes : je suis d’une grande gentillesse, je n’éprouve aucun sentiment de jalousie, j’aime tous les chats. Jamais je ne chasse l’un de mes semblables s’il occupe le panier que je convoite, j’attends qu’il s’en aille. Et pour dormir, je choisis comme compagnon un mâle dominant, ainsi je me sens protégée. Quand Tomi distribue des douceurs pour chats, je ne bouscule personne, j’attends mon tour.

Et j’aime l’accompagner dans les parcs, je lui raconte des histoires, j’ai une voix très haute qui ne sort quasi pas de ma bouche. On a cru pendant longtemps que j’avais un problème de cordes vocales. Mais un jour, je suis restée enfermée à la cave, j’ai très bien su crier fort pour que Tomi vienne me délivrer.

J’en profite pour vous donner un conseil félin : si vous adoptez un chat comme moi, un brin misanthrope et inquiet, ne le brusquez pas. Sachez que nous avons besoin de temps pour observer notre nouvel environnement. C'est à nous de faire le premier pas, quand nous estimons que le moment est venu de faire connaissance et peut-être de devenir amis.

Ce qui rassure des chats à demi sauvages, c'est la routine. Si chaque jour, à la même heure, le même événement se déroule, c’est rassurant pour nous, cela nous donne une structure. Soyez patients, optez pour une atmosphère paisible autour de nous. Surtout pas une horde de copains à nous présenter. Prenons le temps, du bon temps.

Personne ne connaît mon histoire avant mon arrivée à SOS Chats Noiraigue, et je prends un malin plaisir à la garder secrète, laissant les gens faire leurs suppositions.

Un matin, on m'a trouvée, ainsi que mes trois chatons, dans une cage attachée à un portail, à 200 mètres en contrebas de la Ferme du Bonheur. Ni une ni deux, nous avons été emmenés en voiture chez le vétérinaire. Nous étions tous dans un état de santé précaire et très maigres, surtout mes bébés, car je n'avais pas assez de lait pour eux. Mais heureusement, après de longs mois de soins intensifs, toute ma famille et moi-même allons super bien.

On m'a prénommée Jane, en hommage à Jane Birkin, qui est décédée le jour où nous sommes arrivés. Mon fils s'appelle Serge, et mes deux filles, Birkin et Charlotte.

Il est vite devenu évident pour tout le monde que j'avais dû connaître bien des galères et que j'avais appris à me débrouiller. Je suis très maligne quand il s'agit de subtiliser de la nourriture aux autres. J'ai aussi gardé mon côté sauvage ; je ne me laisse pas encore caresser, mais je commence à m'approcher doucement des humains. L'après-midi, je vais même rendre visite à Aurore sur son bureau pendant qu'elle travaille. Il y a toujours de bonnes croquettes qui traînent près d'elle, mais ne lui dites pas que c'est uniquement pour ça !

En 2014 quelqu'un m'a attrapé avec mes deux filles Kitty et Poppy et déposée dans une vielle corbeille en osier devant le portail de SOS CHATS durant la nuit. Nous avons entendu des renards crier, se battre et renifler notre corbeille, les fouines sont aussi venues tout près de nous pour voir ce qui se passait sur leur territoire. J'ai eu peur et surtout pour mes enfants qui étaient encore des toutes petites boules de poils. Mais le matin à 7 heures, les SOS Chats Angels nous ont recueilli et emmenées chez le vétérinaire, qui s’est occupé de nous avec beaucoup de gentillesse. Après 2 semaines et demie de quarantaine, à nous la liberté. J'ai tout de suite reconnu ma sœur Tootsie avec ses enfants qui ont été attrapés de la même manière en 2013.

Nous sommes heureuses maintenant. Un havre de paix protégé.

Je suis un British Longhair au pelage somptueux, et j'ai été adopté par un jeune couple qui m'aimait beaucoup. En tant que chaton, j'étais un véritable modèle : mignon, obéissant, mais avec un petit caractère bien à moi. Cependant, tout a changé quand j'ai atteint l'âge d'un an. Subitement, j'ai commencé à me montrer agressif, sans raison apparente. Mes humains étaient déconcertés et ne savaient plus comment gérer la situation. La tension montait, surtout avec la pression des proches, et ils se sentaient complètement démunis.

Pour essayer de comprendre ce qui se passait, ils ont fait appel à une comportementaliste, mais malgré tous ses conseils, rien ne changeait. Mon comportement restait le même, et je continuais à être imprévisible et agressif. Inquiets pour moi, ils m'ont emmené chez le vétérinaire pour s'assurer que je n'avais aucun problème de santé. Mais tout allait bien de ce côté-là. En discutant avec la comportementaliste et en observant mon comportement, ils ont commencé à soupçonner que ce changement de caractère pouvait être lié à la femme de ménage qui s'occupait de leur maison. Il semble qu'elle se montrait parfois brusque avec moi, ce qui aurait pu déclencher cette méfiance et cette agressivité que je développais envers les humains.

Malgré cela, la situation devenait de plus en plus ingérable, surtout pour la femme du couple, qui était à bout. Le vétérinaire lui a même suggéré de m'endormir pour mettre fin à cette situation difficile… Heureusement pour moi, elle a refusé catégoriquement. Elle a alors contacté SOS Chats Noiraigue, sans grande conviction, pensant que je ne serais pas heureux de vivre en communauté avec d'autres chats. Mais les Cat's Angels ont su la rassurer, et elle a fini par accepter de m'amener à la Ferme du Bonheur. La séparation a été très douloureuse pour elle, mais je suis chanceux car elle et son compagnon viennent souvent me rendre visite et prennent régulièrement des nouvelles de moi.

À ma grande surprise, je me suis vite adapté à la vie en communauté. Les autres chats ? Je m'en fiche un peu. Ici, je suis tranquille, on me laisse vivre ma vie comme je l'entends, et en plus, je peux sortir à ma guise. J'adore jouer, surtout quand on joue avec moi. La liberté de courir et de m'amuser est tout ce dont j'avais besoin.

Cependant, il y a une chose que je déteste par-dessus tout et qui réveille le ``Globule-féroce`` qui sommeille en moi : le brossage. Quand on essaie de me brosser, je ne leur rends vraiment pas la tâche facile ! Ils disent qu'ils sont obligés de me brosser, sinon je finirais avec des dreadlocks et serais prêt à partir en Jamaïque pour écouter du reggae. Ah, ces humains ! Heureusement, Aurore a beaucoup de patience et ne lâche jamais son objectif de ``zéro nœuds``. Elle élabore toutes sortes de tactiques pour me brosser le plus calmement possible. Certains jours, ça fonctionne, et d'autres, c'est moi qui décide autrement. C'est devenu notre petit jeu quotidien.

Malgré tout, je suis heureux ici à la Ferme du Bonheur. J'ai trouvé un équilibre, une vie paisible où je peux être moi-même, jouer, et, de temps en temps, taquiner ceux qui essaient de me brosser. La vie est belle, et je profite de chaque instant.

J’étais un caïd dans cette cour et une partie de la maison au Locle. J’avais beaucoup de responsabilités. Au début nous étions une petite colonie de 10 chats qui squattaient les alentours d’une menuiserie et le patron nous nourrissait régulièrement. Puisqu’il était contre la stérilisation/castration de ses chats et comme j’aimais faire la cour à mes femelles et celles du quartier, notre « famille » s’est agrandie. Alors, les chats errants du quartier me suivaient jusqu’à la maison du menuisier, car ils comprenaient vite qu’il y a toujours à manger. Avec tous ces nouveaux arrivés et des chats pas soignés, il n’y avait naturellement non seulement des chats, mais aussi des parasites et maladies qui se propageaient.

Depuis 10 ans déjà, le vétérinaire cantonal avait essayé de mettre la pression sur ce monsieur afin d’opérer ses chats et sans succès. Le menuisier trouvait cela contre la nature et trop cher. Alors, le vétérinaire a envoyé la SPA qui essayait d’attraper les chats errants, car les voisins se plaignaient et voulaient chasser (ou tuer !) tous ces sauvages. Ils n’ont pas eu beaucoup de succès. Il restait plus que 30 chats. Notre territoire se trouvait à côté d’un hôpital cantonal et la direction de celui-ci avait déjà écrit plusieurs fois au vétérinaire cantonal qu’il fallait finir avec ces chats rodeurs qui se promenaient autour des voitures des visiteurs et sur le terrain de la clinique. Une infirmière qui aimait des animaux téléphonait enfin à SOS Chats Noiraigue pour demander de l’aide.

Alors Tomi a demandé l’autorisation aux autorités cantonales d’intervenir avec son équipe. Les bureaucrates étaient très satisfaits de cette proposition. Alors, Alice et Samira sont allées sur place avec nourriture et cages pièges et ont réussi à attraper tous les chats, et ceci seulement après l’accord du menuisier qui se laissait prier longtemps. Après avoir visité le refuge à Noiraigue et discuté avec l’équipe autour d’un café, il a accepté enfin l’idée. Malheureusement, quelques chatons sont décédés entretemps et certains chats ont disparu ou été renversés par des voitures. Mais les deux bénévoles ont réussi à attraper et soigner plus que 30 chats. Certains ont été placés en famille d’accueil ou mis chez des paysans sympas.

Puisque j’étais très maigre et j’avais la diarrhée, les filles m’ont amené chez le vétérinaire et ensuite laissé à la clinique pendant plusieurs jours. Comme le traitement ne marchait pas, le véto était prêt à m’euthanasier. Alors on m’a conduit chez le vétérinaire habituel de SOS CHATS qui a refait une prise de sang, prescrit de la cortisone et une diète spéciale. Le diagnostic n’était toujours pas sûr et une hémobartonellose n’était pas exclue. En tout cas le nouveau traitement m’a guéri. Je mange beaucoup et j’ai pris beaucoup de force. Quand Tomi donne des médicaments dans la viande aux chats malades, j’essaie toujours de voler quelques petits morceaux. Il m’arrive aussi de voler dans les assiettes des autres et si on ne me laisse pas m’approcher, je tape.

Comme caïd au Locle, je sais me battre, mais Yannick, un des garçons de l’équipe m’aimait depuis le premier jour et m’a apprivoisé avec des bâtons mous ou liquides de Vitacraft. Maintenant, les humains peuvent enfin m’approcher, même me caresser, et je me frotte aussi doucement contre les autres chats de la maison. Si on ne me connaît pas, on pourrait croire que j’ai toujours été un chat domestique.