J’étais un caïd dans cette cour et une partie de la maison au Locle. J’avais beaucoup de responsabilités. Au début nous étions une petite colonie de 10 chats qui squattaient les alentours d’une menuiserie et le patron nous nourrissait régulièrement. Puisqu’il était contre la stérilisation/castration de ses chats et comme j’aimais faire la cour à mes femelles et celles du quartier, notre « famille » s’est agrandie. Alors, les chats errants du quartier me suivaient jusqu’à la maison du menuisier, car ils comprenaient vite qu’il y a toujours à manger. Avec tous ces nouveaux arrivés et des chats pas soignés, il n’y avait naturellement non seulement des chats, mais aussi des parasites et maladies qui se propageaient.

Depuis 10 ans déjà, le vétérinaire cantonal avait essayé de mettre la pression sur ce monsieur afin d’opérer ses chats et sans succès. Le menuisier trouvait cela contre la nature et trop cher. Alors, le vétérinaire a envoyé la SPA qui essayait d’attraper les chats errants, car les voisins se plaignaient et voulaient chasser (ou tuer !) tous ces sauvages. Ils n’ont pas eu beaucoup de succès. Il restait plus que 30 chats. Notre territoire se trouvait à côté d’un hôpital cantonal et la direction de celui-ci avait déjà écrit plusieurs fois au vétérinaire cantonal qu’il fallait finir avec ces chats rodeurs qui se promenaient autour des voitures des visiteurs et sur le terrain de la clinique. Une infirmière qui aimait des animaux téléphonait enfin à SOS Chats Noiraigue pour demander de l’aide.

Alors Tomi a demandé l’autorisation aux autorités cantonales d’intervenir avec son équipe. Les bureaucrates étaient très satisfaits de cette proposition. Alors, Alice et Samira sont allées sur place avec nourriture et cages pièges et ont réussi à attraper tous les chats, et ceci seulement après l’accord du menuisier qui se laissait prier longtemps. Après avoir visité le refuge à Noiraigue et discuté avec l’équipe autour d’un café, il a accepté enfin l’idée. Malheureusement, quelques chatons sont décédés entretemps et certains chats ont disparu ou été renversés par des voitures. Mais les deux bénévoles ont réussi à attraper et soigner plus que 30 chats. Certains ont été placés en famille d’accueil ou mis chez des paysans sympas.

Puisque j’étais très maigre et j’avais la diarrhée, les filles m’ont amené chez le vétérinaire et ensuite laissé à la clinique pendant plusieurs jours. Comme le traitement ne marchait pas, le véto était prêt à m’euthanasier. Alors on m’a conduit chez le vétérinaire habituel de SOS CHATS qui a refait une prise de sang, prescrit de la cortisone et une diète spéciale. Le diagnostic n’était toujours pas sûr et une hémobartonellose n’était pas exclue. En tout cas le nouveau traitement m’a guéri. Je mange beaucoup et j’ai pris beaucoup de force. Quand Tomi donne des médicaments dans la viande aux chats malades, j’essaie toujours de voler quelques petits morceaux. Il m’arrive aussi de voler dans les assiettes des autres et si on ne me laisse pas m’approcher, je tape.

Comme caïd au Locle, je sais me battre, mais Yannick, un des garçons de l’équipe m’aimait depuis le premier jour et m’a apprivoisé avec des bâtons mous ou liquides de Vitacraft. Maintenant, les humains peuvent enfin m’approcher, même me caresser, et je me frotte aussi doucement contre les autres chats de la maison. Si on ne me connaît pas, on pourrait croire que j’ai toujours été un chat domestique.

Je ne me souviens plus où je suis né en Allemagne. J’étais un joli chaton avec la ressemblance d’un petit lynx, avec des longs poils sur mes grandes oreilles et un regarde de fauve. Le propriétaire de ma maman m’a vendu à un jeune couple sur eBay, une site internet de vente d’article divers. Au début, je me comportais comme un gentil matou en appartement, jusqu’au jour où un appareil photo m’est tombé sur le dos. Je me suis senti comme puni et maltraité et j’ai commencé a attaqué les humains. Je les ai attaqués aux bras et au jambes, je les ai même griffés au visage.

Alors ils m’ont emmené dans le refuge de Frank à Hambourg. Au début, j’étais sympas avec tout le monde, content d’être éloigné de l’appartement dans lequel j’avais de mauvais souvenir. Une gardienne d’animaux qui vive dans le refuge, Claudia, s’occupait de moi. Mais Malheureusement, il y avait beaucoup de bruit, trop de monde qui passait et j’avais juste une petite chambre avec un mini-balcon à ma disposition. J’étais toujours sur mes gardes et je suis redevenu comme avant : un petit monstre imprévisible. J’attaquais de peur.

Arrivé chez SOS CHATS, je suis d’abord resté sans voie de voir tous ces chats et tout cet espace. Dès le 2ème jour, j’inspectais déjà toute la maison. Je n’ai jamais appris à parler normalement, je sais seulement rouspéter et feuler.

Heureusement, les chats de SOS CHATS, connaissent les problèmes de nouveaux arrivant et gardaient leur distance. On me parle toujours gentiment et en douceur. Alors ça me calme et j’oublie mon agressivité. Je dors dans le lit avec Tomi et déjà au bout de 6 semaines j’acceptais déjà d’autres chats sur le duvet. La nuit dans le noir, j’ai peur, je vois mal, je crois que je suis héméralope, alors je reste blottie contre Tomi jusqu’au matin. Les SOS CHATS Angels disent : « ça va aller ! Il lui faut juste un peu de temps pour voir que chez nous c’est zen, pas besoin de se battre », et je crois qu’elles ont raison, je commence déjà à miauler 2 x par jour au lieu de rouspéter. Alors tout va pour le mieux.

Je ne me souviens pas où je suis né. Quelqu’un m’a attrapé quand j’avais 3 mois env. et mis dans une corbeille sale, fermé et transporté avec ma maman Tootsie, mon frère Petit Louis et ma sœur Charlie jusqu’à la ‘Ferme du Bonheur’ SOS CHATS à Noiraigue.

Je suis un matou très gentil, j’aime les chats et même la chienne Vicky dans ma nouvelle maison. Mais j’ai peur des humains. Je pense, dans ma petite enfance, les gens m’ont maltraité. Je crains les bruits, des portes fermées et si un être humain est debout et s’approche de moi. Mais je suis curieux, j’observe tout le monde et de temps en temps, quand Tomi est assise au jardin, je viens tout près.

Dans la maison à Noiraigue on me laisse vivre ma vie, je passe beaucoup de temps avec ma famille. On se retrouve dans les parcs ou dans une chambre. Ici on ne me court pas après, je suis tranquille et protégé. Peut-être dans quelques années, quand mes mauvais souvenirs s’estompent, je vais me laisser caresser mais c'est pas pour tout de suite. Cependant, depuis peu je prends les friandises qui son dans la main des humains.

Ma mère, Lilly (aujourd'hui décédée) emmenait chaque année ses bébés, dès qu'ils étaient sevrés chez une paysanne, qui les apprivoisait et les plaçait par la suite. Elle a essayé de faire la même chose avec moi et mon frère Chai. Mais la paysanne nous a tous attrapés et emmenés chez SOS CHATS. Puisque ma mère n'a toujours pas envie de s'occuper de nous ce sont Elisabeth et Tomi qui ont fait notre éducation.

Nous avons des gènes de chats errants anxieux. Chaque fois qu'il y a un bruit que nous ne connaissons pas, nous nous cachons sous des armoires ou des canapés. Mais dès que j'ai fait confiance à un humain je me colle à lui. J'aime embrasser et être câlinée partout, surtout sous le ventre et vers la bouche.

Pendant la journée je me promène souvent dans les parcs et j'adore chasser des mouches.

Vous avez peut-être déjà entendu parler de moi dans l'histoire de mon frère Serge, de ma sœur Birkin, ou encore de notre maman Jane, car nous avons la chance d'être toujours ensemble.

Je fais partie de la famille qui a été abandonnée une nuit en dessous de la Ferme du Bonheur. J'ai dû être nourrie au biberon parce que maman n'avait pas assez de lait pour nous, et j'étais encore trop faible pour manger seule. Cela m'a permis de devenir un peu plus sociable que mon frère.

Ici, tout le monde vous le dira : j'ai beaucoup de patience, ce qui fait de moi une chasseuse hors pair. Je peux attendre des heures devant un trou, à l'affût. Je suis très vive et pleine d'énergie, et j'aime les câlins, mais pas trop. On me reconnaît plus, la petite rachitique, je suis devenue très grande et toute ronde. On tient ça de notre mère, nous sommes tous de grands gourmands.

Avec ma sœur Coco, j'ai été placé chez SOS Chats par la paysanne chez laquelle ma mère Lilly abandonnait chaque année ses bébés.

Je suis un peu craintif mais tellement curieux qu'on ne remarque pas ma timidité. J'adore les câlins, surtout au lit et j'en bave même tellement que tous les coussins sont mouillés après mon passage. Comme ma sœur, je chasse les insectes dans les parcs et la maison. Mais il y a une face de mon caractère que Tomi et les filles de SOS CHATS n'apprécient pas vraiment : je chasse aussi mes copains les chats. SherKhan, qui est un chat très perturbé par son lourd passé, n'ose même pas descendre de l'armoire si je me balade dans la même chambre. Chaque fois qu’il est cool ou relax, je m’approche sans faire de bruit et lui saute sur le dos. Je ne suis pas méchant mais j'adore faire peur aux chats timides, pour moi c'est un jeu. Mais les femmes de la maison n'aiment pas trop ce comportement. Elles disent que je suis une petite frappe et que ma mère aurait quand même dû m'éduquer un peu. Mais tout le monde m'aime, je suis beau, joyeux et j'ai de beaux yeux.

Un soir, quelqu’un m’a attrapé avec mes 5 chatons d’un mois. On nous a enfermés dans une cage de transport et emmenés dans la réserve du Creux du Van. Les « kidnappeurs » ont ainsi attaché cette cage à un portail à environ 200 m de la maison de SOS Chats Noiraigue. Quand l’équipe de Tomi est arrivée vers 7 heures du matin, elle nous a trouvé complètement apeurés, serrés les uns contre les autres dans cette cage pleine de diarrhée.

Comme on fait toujours dans la Ferme du Bonheur, une des filles, Aurore, nous a conduit tout de suite chez le vétérinaire, M. Matile. Il nous a vermifugé et mis les produits antipuces sur nos poils, contrôlé les oreilles et pesé. Nous étions extrêmement faibles et maigres.

Moi, la maman, ne pouvait pas être vaccinée, vue mon mauvais état de santé. Et puisque je n’avais pas assez de lait pour mes enfants, il fallait nourrir mes bébés toutes les 3 heures avec du lait spécial pour chatons. J’avais de la fièvre et deux de mes enfants aussi.

Depuis le 1er jour chez SOS CHATS, toute la famille était soignée intensivement et mise en quarantaine.

Après une semaine, nous allions un peu mieux, mais encore en danger à cause de la diarrhée. Alors Aurore est retournée avec nous chez le véto qui a fait plusieurs analyses du sang et de la diarrhée récoltée par l’équipe pendant 24 heures.

Comme M. Matile soupçonnait déjà la présence de Campylobacter, il a déjà prescrit un antibiotique spécial que Tomi devait nous injecter chaque jour sous la peau en plus de divers médicaments.

Quand les résultats du laboratoire sont arrivés et on a vu que c’étaient vraiment des Campylobacter, on a pu commencer un traitement long avec des autres médicaments.

Malheureusement, ma petite fille Badiane n’a pas survécu, elle était trop faible et la fièvre ne baissait pas.

L’équipe m’a appelé Bri (le petit nom de Brigitte) et elle a cherché les noms qui commencent avec un « B » aussi pour mes petits. Alors, nous sommes devenus « La famille B » :

Bri, Badiane, Batman, Baghera, Barth et Bapsi.

Notre histoire a beaucoup touché, un journaliste du « Courrier du Val-de-Travers » a fait un article sur le refuge, il a fait plein de photos de moi et mes enfants et récité notre histoire.

Maintenant, deux mois après notre arrivée, nous n’avons plus de soucis. Notre santé s’est rétablie, mes enfants peuvent manger normalement, toute la famille a déjà eu les premiers vaccins et enfin, nos selles sont formées.

Je suis content de retrouver mes enfants au même endroit que moi. Nous sommes protégés, soignés et il y a beaucoup d’espace dans la maison et dans les parcs.

Je m’habitue de plus en plus de vivre dans cette communauté où tout le monde, chats, chiens et humains aime mes enfants.

Quand il y a des visiteurs dans la maison, j’observe ces inconnus et protège mes enfants, si quelqu’un les touche. Je suis très jeune, mais une bonne maman.

Je suis devenue un pote de colle et j’adore les câlins, dès que les Cat’s Angels arrivent le matin je cours vers eux.

J’ai reçu ce nom, parce que je ressemble au chat ukrainien Bohrdam qui a été sauvé de la fabrique de fourrure à Kiev en 1997. Je suis né dans une vieille voiture à St-Croix (avec ma sœur Morgane et mon frère Arni). Une amie des animaux a adopté toute la famille, ma mère et nous trois. Mais nous étions jeunes et pleins d’énergie et nous n’avons pas supporté d’être enfermés dans un petit appartement. Alors la dame a gardé la maman et nous a emmenés chez SOS Chats. Nous avons tout de suite été acceptés par les autres chats, on débutait notre vie en communauté. Elle ne me manque pas ma soi-disant liberté, parfois dangereuse en ville. Je joue souvent avec ma sœur et mon frère et je peux vous dire que c’est important pour moi ex-errant de vivre avec le reste de ma famille.

J'ai vécu à Leysin comme chat errant et j'ai rencontré près de l’American School of Switzerland une jeune chatte tigrée. Je l'ai adoptée tout de suite. Il y avait beaucoup de trafique et personne ne nous a remarquées au début. Mais un jour une gentille dame a commencé de nous nourrir et en hiver nous n'avons pas trouvé un endroit pour nous réchauffer. Alors nous avons essayé de rentrer dans la cave de l'école américaine.

Mais chaque fois on nous chassait brutalement. De peur qu'on appelle le garde-chasse pour nous tuer, la dame a demandé à un refuge pour chats des rues en Valais de nous attraper et sauver. Étant trop sauvages, ils ont refusé. Heureusement la dame avait l'adresse de SOS CHATS Noiraigue qui nous a accueillies à bras ouverts. Nous sommes heureuses, car ici nous pouvons dormir au lit, sur les canapés et nous balader librement dans la maison et dans les grands parcs. On nous aime comme nous sommes, toujours un peu inquiètes envers des nouvelles personnes, mais très joueuses, drôles, copines avec tous les chats d'ici et heureuses d'avoir survécu et de ne plus être rejetées. Il y a de l'amour dans l'air ici à Noiraigue.

Je suis la fille de Jane. J'étais la plus mal en point de la famille, et on a eu très peur pour ma vie à plusieurs reprises. J'ai été nourrie au biberon et j'ai reçu des soins intensifs, mais malgré tout, je ne prenais pas de poids. J'étais trop petite et trop faible pour que l'on puisse me faire des analyses de sang. J'ai fait de nombreux aller-retour chez le vétérinaire à chaque rechute.

Aujourd'hui, je vais bien, mais je suis toujours très petite. Quand j'étais encore un chaton comme j'étais si faible, je n'ai pas appris à me laver toute seule, je n’avais pas la force. Même maintenant, Tomi doit souvent me nettoyer les yeux, et elle essaie encore de m'apprendre à le faire toute seule.

Je suis une excellente chasseuse de mouches et, malgré ma taille, je suis très vive et pleine d'énergie. Je saute très haut pour attraper des mouches. Une fois mon activité terminée, je cours me reposer sur les genoux de Tomi. Elle s'est tellement occupée de moi quand j'étais malade qu'elle est devenue comme ma deuxième maman. C'est la seule personne que j'écoute vraiment. Le soir, quand il est temps de rentrer pour la nuit, je fais courir les Cat's Angels partout. Quand ils s'avouent vaincus, ils demandent à Tomi de m'appeler, et là, ni une ni deux, je rentre à l'intérieur. Parfois, je repars en vitesse me cacher dehors avant qu'ils aient le temps de fermer la porte. Je crois bien que « cache-cache » est mon jeu préféré.

La morale de mon histoire, c'est qu'il faut toujours y croire et tout faire pour que ça fonctionne. Je leur en suis très reconnaissante, car sans les vétérinaires qui m'ont suivie et les Cat's Angels qui se sont occupés de moi jour et nuit, je ne serais plus de ce monde aujourd'hui.